Une des caractéristiques de l'être humain est d'avoir un corps physique délimité par la peau, cet organe qui assure l'interface entre l'intérieur du corps et l'extérieur. Dans une tentative d'appréhender l'impalpable "peau de l'âme", les petites photographies Polaroïd mises en scène à travers des techniques mixtes offrent un interstice où cette peau-là prend corps, permettant d'explorer tant l'intériorité propre à chacun que l'imperfection et la fragilité des liens avec ce qui est extérieur à soi.

Le travail présenté ici utilise l'art photographique comme support à une vision artistique, elle-même utilisée comme instrument de navigation pour cartographier les contours du soi dans ce qui est extérieur, plus vaste que soi.

Chaque photographie, dans sa structure même, raconte une histoire, transmet un message symbolique. Chez ceux qui la contemplent, elle permet de révéler et d'explorer émotions, mémoires, idées, rêves, pensées et sentiments profonds entremêlés, révélant ainsi, dans l'histoire propre à chacun, des significations cachées et des résonances avec les parts les plus inaccessibles de son être.

Les films Polaroid sont à la base de ce travail, soit bruts, soit travaillés en une mince émulsion pigmentée, fine et ténue comme un voile, déposée à la manière d'un tableau sur du papier aquarelle, rappelant avec délicatesse que « nous sommes tissés de l'étoffe dont sont faits nos rêves et notre vie infime est cernée de sommeil » William Shakespeare in La Tempête, 1611.